La tribune du président

Le 23 juillet 2020 par Florence SIX

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Du repos forcé au repos bien mérité

Nous avons vécu ces derniers mois des moments inédits. Arrêt brutal de l’activité économique et sociale, confinement, retour progressif au quotidien avec de nouvelles règles : distanciation physique, traçage numérique à des fins sanitaires. L’irruption du COVID 19 nous a fait prendre conscience qu’un autre monde pouvait remplacer l’ancien.

Un retour à la normale ! Vraiment ? Certains souhaitent ardemment que ce retour se fasse le plus rapidement possible pour éviter les conséquences dramatiques d’une crise économique annoncée. D’autres espèrent et imaginent un monde moins mondialisé et plus solidaire : le monde d’après. Quoi qu’il advienne dans le futur, la crise que nous vivons aura marqué les esprits. Le futur reste incertain, même si certaines tendances lourdes se dessinent, que la crise a amplifiées. Par exemple celle de la transformation digitale de la société et des entreprises. Il n’y aura pas de retour en arrière.

Si nos cabinets ont, pour la plupart d’entre eux, connu une baisse importante de leur chiffre d’affaires, ceux qui utilisaient les outils numériques ont pu résister davantage. Il a fallu continuer à travailler sans sortir de chez soi, et cela a été rendu possible grâce aux différents services proposés par les entreprises du digital. Les plateformes de visioconférence ont vu leur fréquentation exploser, alors que ces applications étaient encore quasiment inconnues il y a cinq mois.

Dans la Cité-Etat de Singapour, un tribunal a condamné un prévenu à la peine capitale via cette application. « La peine de mort est par essence cruelle et inhumaine, et c’est encore pire quand Singapour utilise une technologie comme Zoom pour condamner un homme à mort », a souligné Phil Robertson, directeur adjoint de l’organisation Human Rights Watch pour l’Asie. « C’est incroyable que le parquet et le tribunal soient aussi insensibles et qu’ils ne comprennent pas qu’un homme menacé de la peine de mort a le droit de comparaître devant la cour pour voir l’accusation » (source : AFP). Nul doute que si de tels épisodes de confinement venaient à se reproduire plus ou moins fréquemment à l’avenir, la justice pourrait être contrainte d’accélérer son processus de digitalisation. Mais quid d’une justice où un juge rend sa décision sans avoir rencontré physiquement le prévenu, qui a besoin que son histoire soit entendue, et qu’il soit reconnu en tant que personne ? Les questions que pose la digitalisation du droit sont au cœur d’enjeux éthiques importants et nous devons en tant qu’avocats nous montrer particulièrement attentifs à ces évolutions qui nous mènent vers un monde où la distanciation pourrait être la norme.

Dans nos cabinets, cette digitalisation va impacter les modes de fonctionnement et bousculer certaines de nos habitudes. Pendant plusieurs semaines, nos associés et collaborateurs ont travaillé à distance. Certains ont pu, au travers de cette expérience, envisager différemment leur relation au travail : disposer en autonomie de son temps professionnel et s’affranchir des trajets domicile-travail. Et pour nos cabinets, redéfinir notre espace de travail.

Il va donc falloir aborder ce monde d’après non pas en faisant comme si rien ne s’était passé, mais en prenant en compte ces nouvelles règles et exigences qui sont source d’opportunité. Le télétravail apporte de la souplesse à la vie professionnelle.

Après des semaines éprouvantes, l’heure va bientôt être aux vacances. Nous allons nous ressourcer pour affronter la rentrée. Au repos forcé va succéder le repos réparateur. Je vous souhaite d’excellentes vacances et espère vous retrouver nombreux à la rentrée à notre prochain congrès qui se tiendra à Marseille du 22 au 25 octobre 2020.

 

L'auteur

Florence SIX

Avocat